première page : un texte
A Glasgow il y avait une rivière qui coulait à travers le parc. Kelvingrove park. Tous les matins je traversais ce parc pour aller à l’université.
J’avais l’impression de respirer une certaine odeur. C’était le mélange de l’odeur de la pelouse, des arbres et des sacs de frites vides avec du ketchup dégoulinant. On voyait souvent un paquet de frites vide, planté sur le pic d’une grille. Après quelques jours, ou quelques heures, le ketchup n’avait plus sa couleur d’origine. Il était devenu rouge fluorescent, presque rose, et cela prouvait bien la mauvaise qualité du produit. Mais tout le monde s’en foutait. Les étudiants le soir se gavaient de ces frites, avec du ketchup et du fromage râpé, pour tasser l’alcool qu’ils avaient bu. Ce genre de repas se mange à deux cent à l’heure.
Souvent dans le parc on voyait un plot de circulation sur la tête d’une statue. En fait on voyait ça dans toute la ville, c’est un trait distinctif de Glasgow, peut être même de l’Ecosse toute entière. Le cavalier gris, très sérieux sur son cheval, est coiffé d’un plot rouge.
Du haut de Kelvingrove park on aperçoit l’université, et on a un panorama intéressant sur les alentours. De là on respire profondément le quartier.
Le parc n’est jamais tout à fait sec. On voit toujours que les intempéries sont passées par là, et on sait que derrière chaque feuille qui est tombée il y a de l’eau de pluie.
